Et ce malgré la disparition progressive des mécanismes de soutien et l'émergence d'un tarif prosumer. Démonstration dans les trois Régions.
Inexorablement, le marché du photovoltaïque continue à connaître de nombreux bouleversements: le 1er novembre 2021 a marqué la fin du principe de compensation bruxellois (voir question 1), ce qui a pour conséquence éventuelle de réduire faiblement la rentabilité de leurs panneaux. À moins bien sûr que les prosumers bruxellois n'augmentent davantage leur autoconsommation, c'est-à-dire la consommation de l'électricité issue de leur installation photovoltaïque au moment même où celle-ci est produite.
5.000€, c'est l'investissement à prévoir pour une installation de panneaux photovoltaïques moyenne et dont la production annuelle s'élève à 3.500 kWh.
Ensuite, depuis le 1er janvier 2022, c'est au tour des prosumers wallons (question 3) et flamands (question 5) d'être touchés par des changements susceptibles d'influencer le rendement d'une installation photovoltaïque.
Cependant, vu l'explosion des prix de l'énergie (et si ces derniers se maintiennent dans la durée), c'est plutôt un phénomène inverse qui se produira: les détenteurs de panneaux photovoltaïques, ou ceux qui comptent en installer prochainement, obtiendront un retour sur investissement bien plus rapide que prévu.
Bref, peu importe la Région où vous habitez, vous aurez toujours intérêt à investir dans une installation photovoltaïque, si bien sûr vous en avez les moyens. "Certes, la rentabilité a diminué ces derniers mois, surtout en Flandre, mais les panneaux solaires sont et restent bien plus intéressants qu'un compte d'épargne, voire même que d'autres types d'investissements souvent plus risqués", selon les experts d'Engie.
Ce 1er novembre 2021, le système de compensation partielle (qui s'applique sur la partie énergie de la facture), dont bénéficiaient encore les prosumers bruxellois, a été supprimé. Cette disparition s'accompagne toutefois de la mise en place du système du tarif d’injection (comme c'est déjà le cas en Flandre).
Cela signifie que désormais un prosumer paie à son fournisseur d'énergie le volume d’électricité qu'il prélève sur le réseau, mais qu'il reçoit de ce même fournisseur une compensation financière pour chaque kWh d'électricité non autoconsommé qu'il doit dès lors réinjecter sur le réseau.
Le montant reçu pour les kWh injectés est d'office inférieur au montant à payer pour les kWh prélevés sur le réseau, car le tarif d'injection ne comprend pas les coûts de transport et de distribution imputés aux kWh prélevés sur le réseau, ni les taxes.
Cela dit, le tarif d'injection peut varier en fonction de la stratégie du fournisseur, mais aussi en fonction de l'évolution du marché, ce qui signifie un montant plus élevé dans la poche du prosumer dans un contexte haussier des prix de l'énergie (question 6).
Cependant, dans l'état actuel des choses, la fin du système de compensation bruxellois représente une augmentation pouvant aller jusqu’à 140 euros sur la facture annuelle d'un prosumer bruxellois selon les premières estimations d'Engie, qui sont basées sur une consommation moyenne.
Mais si les prix de l'électricité continuent à grimper, l'impact sera moins élevé étant donné que les prosumers bénéficieront d'un tarif d'injection plus élevé (pour plus de détails, référez-vous à la question 6).
Malgré la disparition du système de compensation partielle à Bruxelles, la Région dispose encore d'un mécanisme de soutien pour les personnes qui ont fait installer des panneaux photovoltaïques ou qui souhaitent le faire prochainement: les certificats verts (CV).
Pour rappel, lorsqu’un particulier installe des panneaux solaires, il devient producteur d'électricité verte et, à ce titre, il a droit à des CV qu'il peut revendre sur le marché de l'énergie (ce qui lui permet d’amortir son investissement encore plus rapidement). La durée d'octroi de ces CV est de 10 ans.
Et actuellement, même si le nombre de CV attribué par installation a été diminué en 2021, le système reste calibré pour assurer un retour sur investissement dans les 7 ans. Si les conditions sont favorables, ce temps de retour pourrait même être ramené à 5 ans, d'après les dernières estimations de Test Achats (TA), qui tiennent déjà compte de la fin du système de compensation.
Pour eux, en fonction des conditions du marché et d'une autoconsommation de 30 à 45% de l'électricité produite, celui qui fait installer des panneaux photovoltaïques aujourd'hui peut espérer un rendement de 5 à 6%.
Le 1er octobre 2020 a marqué l'entrée en vigueur du tarif prosumer pour les ménages wallons équipés d'une installation photovoltaïque. Celui-ci correspond à une redevance annuelle forfaitaire (en moyenne 450 euros) que doivent payer les prosumers wallons afin de participer financièrement à l'utilisation réelle du réseau.
En 2022, la Région wallonne prendra encore en charge 54% du tarif prosumer.
Mais jusqu'à présent, aucun prosumer wallon n'est passé à la caisse étant donné que la Région wallonne a compensé 100% du tarif prosumer en 2020 et en 2021.
Mais ce ne sera plus le cas l'année prochaine: la Région diminuera sa participation et ne financera plus que 54% du tarif prosumer. Elle fera de même en 2023. Ce n'est qu'en 2024 que cette redevance sera à 100% à charge des prosumers wallons.
À l’instar des Bruxellois, les prosumers wallons disposent encore d'un mécanisme de soutien: le compteur qui tourne à l'envers.
Concrètement, lorsque l’électricité produite par les panneaux solaires n’est pas autoconsommée, elle est d’office réinjectée sur le réseau, ce qui permet au compteur de tourner dans le sens inverse et qui permet surtout de garder un rendement financier positif dans cette Région.
Lors de ses derniers calculs de rentabilité (qui ne tiennent pas compte de la participation de la Région wallonne au financement du tarif prosumer), l'estimation veu - qu'en fonction des conditions de l'installation - le prosumer wallon peut espérer lui aussi un rendement de 5 à 6%. "En ce qui concerne le temps de retour, comptez dans les 6 à 7 ans."
Cette année, la Flandre a mis fin au mécanisme de soutien du compteur qui tourne à l'envers pour les nouvelles installations, et dans le même temps, elle a adopté le système du tarif d'injection (voir question 1).
Afin que les futurs propriétaires de panneaux photovoltaïques ne mettent pas trop de temps à obtenir un retour sur investissement, la Région flamande a introduit en 2021 une nouvelle prime de 1.500 euros. Cette dernière doit permettre de maintenir une durée d'amortissement de 10 ans.
Initialement, il était prévu que son montant soit déjà revu à la baisse de 25% à partir du 1er janvier 2022. Cependant, le vendredi 29 octobre 2021, le gouvernement flamand a décidé de conserver le même montant de prime en 2022 qu'en 2021.
Par ailleurs, notez que l'installation d'une batterie domestique - pour stocker le surplus d'énergie en vue d'une utilisation ultérieure - n'est pas du tout à conseiller sur le plan financier, sauf en Flandre.
En effet, cette Région a prévu une prime qui rend cet investissement très intéressant. Cependant, il a été prévu que le montant de cette prime sera revu à la baisse chaque année à partir de 2022 et jusqu'en 2024 (1.125 euros en 2022 et disparaître en 2025) étant donné que le prix des batteries chute rapidement. Mais ça, c'était avant la hausse généralisée du prix des matières premières...
Il n'y a désormais plus de système de compensation en Flandre. Cependant, grâce au tarif d'injection, le prosumer flamand peut réduire d'une certaine façon sa facture d'électricité vu que son fournisseur d'énergie lui rachète le surplus de kWh produits par ses panneaux et qui sont injectés sur le réseau. Un tarif qui sera plus intéressant pour le prosumer à mesure que les prix grimperont sur les marchés de l'énergie.
Cette tendance s'observe évidemment déjà cette année. Alors que ce tarif oscillait entre 2 et 5 cents en avril dernier, il tourne désormais entre 4 et 9 centimes d'euro en moyenne.
En Flandre, les prix élevés de l'électricité confèrent un avantage supplémentaire aux propriétaires de panneaux photovoltaïques
Autrement dit, "en Flandre, les prix élevés de l'électricité confèrent un avantage supplémentaire aux propriétaires de panneaux photovoltaïques".
Et ce sera donc le cas aussi des prosumers bruxellois à partir de novembre 2021 (question 1).
Toujours d'après les calculs de rentabilité de TA, en considérant des conditions favorables et une autoconsommation élevée, "le rendement peut atteindre plus de 6%, tandis que le temps de retour va de 6 à 7 ans".
La réponse varie dans le temps, selon Philippe Delaisse, consultant en transition énergétique et bas carbone. "Tout dépend des facteurs suivants: la date du dernier renouvellement de votre contrat (prix très bas durant ces derniers mois), le type de contrat (fixe ou variable), sa durée (1, 2, 3 ou 5 ans), ainsi que les perspectives d'évolution de votre consommation électrique (par exemple, avez-vous l'intention d'acheter un véhicule électrique ou de placer une pompe à chaleur?). Selon la réponse donnée à ces critères, installer des panneaux photovoltaïques sera plus ou moins rentable, mais donc, rentable quoi qu'il en soit.
Convaincu? Voici quelques conseils avant de vous lancer dans un tel investissement. Tout d’abord, vérifiez l’état de votre toiture mais surtout que celle-ci est adaptée à la pose de panneaux photovoltaïques. La configuration idéale, c’est un toit orienté au sud et dont la pente a une inclinaison de 30 degrés.
Si ce n’est pas le cas, pas de panique. Le rendement de l’installation sera inférieur (ou vous devrez installer plus de panneaux pour obtenir une production équivalente). D’après Engie, dans des conditions favorables, comptez un minimum de 8 à 10 m² du surface disponible (et 14 à 24 m² pour un ménage moyen).
900 kWh
En Belgique, dans des conditions optimales, 1kWc correspond à une production d’environ 900 kWh.
Pour connaître la puissance dont vous aurez besoin (mesurée en kilowatt-crête, kWc), il faut d’abord estimer votre consommation électrique annuelle. Pour un ménage moyen, elle est de 3.500 kWh. En Belgique, dans des conditions optimales, 1kWc correspond à une production d’environ 900 kWh. Il vous faudra donc l’équivalent de 3,8 kWc, c’est-à-dire, environ 15 panneaux (et par conséquent une surface d’environ 26 m2).
Notez qu'Energie Commune (l'ancienne Association pour la Promotion des Energies Renouvelables) met à votre disposition sur son site un simulateur financier gratuit et indépendant.
Ensuite, "ce qui est essentiel, c'est de choisir un installateur compétent, souligne Philippe Delaisse, consultant en transition énergétique et bas carbone.
Il recommande également de faire jouer la concurrence entre deux ou trois installateurs. En fonction de la configuration du bâtiment, du type de panneaux (et aussi d'onduleur), il faut compter sur un prix entre 1.200 euros et 1.750 euros/kWc."
Si vous ne disposez pas de fonds propres suffisants, la plupart des banques proposent une offre de financement dont le TAEG oscille entre 1,09% et 4,50% pour les travaux destinés à économiser de l’énergie (comme c’est le cas avec l’installation de panneaux photovoltaïques).
Mieux, il existe des crédits régionaux très bon marché (parfois même gratuits). À Bruxelles, le "Prêt vert" permet ainsi d’accéder à un financement de 0 à 2% (en fonction de vos revenus) pour réaliser des travaux d’amélioration énergétique dans votre habitation.
Côté wallon, la Région a prévu un prêt à taux zéro, sous certaines conditions.
Si vous habitez Bruxelles, vous pouvez même profiter du système de tiers investisseur. En pratique, des sociétés comme Brussels Energy, Brusol ou HelloSun installent et financent les panneaux. Elles se rémunèrent en captant les certificats verts.
Au bout de 10 années, le client, qui a entre-temps bénéficié de la réduction de sa consommation d'électricité, devient propriétaire des panneaux (moyennant parfois le paiement d’un euro symbolique).
Beaucoup s'interrogent sur l'intérêt d'un tel système. Il faut dire qu'en Wallonie plusieurs sociétés avaient abusé du concept (lorsque la Région distribuait encore des certificats verts). C'était le client qui souscrivait le crédit. Résultat: quand ces sociétés ont fait faillite, des clients se sont retrouvés sans panneaux, sans subsides et avec un emprunt à rembourser. Rien de tel ici, même s'il faut être attentif aux petits caractères et savoir qu'au bout de 12 ans, il leur faudra remplacer l'onduleur.
Autrement dit, pour ceux qui disposent du capital nécessaire, il est financièrement plus intéressant de réaliser l'investissement soi-même afin de bénéficier de l'intégralité des certificats verts, en plus de bénéficier de la réduction de sa consommation.
SOURCE : L'Echo - 01/01/2022
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